Histoire du Clos Saint Landelin
Possession de la couronne d’Austrasie, la région de Rouffach revint au VIIème siècle aux évêques de Strasbourg qui en restèrent les maîtres temporels jusqu’à la Révolution. A cette époque, Rouffach était la capitale de « l’Obermundat ».
Landelin, pieux moine irlandais, était venu prêcher la parole divine au-delà du Rhin au VIIème siècle. Il fut assassiné vers 640. Cinq sources jaillirent à l’endroit même du crime. Sur la tombe du martyr se produisirent plusieurs miracles. Ceci engagea quelques moines à s’établir à proximité. Un premier couvent fut construit vers 725..
Heddon (734-776), évêque de Strasbourg, fut le réorganisateur de cet ancien couvent de Mönchzell « Cella monachorum » fondé en l’honneur de Saint Landelin sur la rive droite du Rhin. Il érigea un second couvent, plus grand, à quelque distance du premier..
En souvenir de son bienfaiteur, le couvent fut nommé Ettenheimmünster (du latin « Ettonis monasterium » qui signifie le monastère d’Heddon). Il fut richement doté, entre autres, de terres, de vignes, de maisons et de serfs à Rouffach. Ce fut ce que l’on appela le « praedium sancti Landelini », le bien Saint Landelin. Les vignes furent choisies « parmi les meilleures d’Alsace » selon l’acte de donation de l’époque; elles sont situées à la pointe sud du Strangenberg, aux anciens lieux-dits « Altengassen », « Vorberg » – nom d’origine de l’actuel grand cru Vorbourg -, « Rothengarten », « Hauhl » et « Mannberg »..
Le livre « Liber Vitae », écrit entre 1250 et 1372, et qui contient les dons et legs faits au profit de l’Eglise Notre-Dame de Rouffach, cite à plusieurs reprises des vignes situées près du « Bien de Saint Landelin » (archives municipales de Rouffach, Fonds A, GG, Liber Vitae)…
En 1409, le « Bien Saint Landelin » passait comme cense héréditaire à la famille Berler de Rouffach, mais reste toujours bien ecclésiastique. Comme tous les biens ecclésiastiques, le Bien Saint Landelin succomba à la Révolution et fut partagé entre divers particuliers.
Ce n’est que dans la seconde moitié du XIXème siècle que le Clos Saint Landelin connut un nouvel essor. Ce fut le Dr Wolfgang Weber, véritable pionnier de la viticulture alsacienne, qui remit en valeur les vignes tant célèbres, le propriétaire étant l’Empire allemand après 1870 (archives municipales de Rouffach, Fonds M, G4), l’Alsace faisant partie de l’Empire allemand après la défaite de Sedan..
Mis sous séquestre après 1918, le domaine modèle -car vignoble d’application de l’école d’agriculture de Rouffach, créée sous la période allemande- fut acquis en 1923 par Monsieur Erny, directeur d’usine, propriétaire d’une filature. Il sut avantageusement continuer l’œuvre du Dr Weber, ceci pendant sept ans; en 1930, il céda le vignoble du Clos Saint Landelin avec les stocks en fûts et en bouteilles, à l’ Union Vinicole du Haut-Rhin S.A. de Colmar..
Cette société en reste propriétaire cinq ans seulement. En 1935, le grand-père de René Muré, Alfred Muré, se porta acquéreur du Domaine.